Ernest Chenard - Henri Walcker
et le Peugeot D3
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Comment parler du
Peugeot D3 sans faire au préalable, un petit historique sur
la société qui en fût à son origine : Chenard et Walcker.
C’est en 1888
que débute l‘aventure. Mr Ernest Chenard ancien
dessinateur, décide de se mettre à son compte en ouvrant
un atelier de réparation et de location de bicyclettes dans
la ville d’Asnières, en région parisienne.
Attentif aux
nouvelles technologies, notre homme s’adonne également à
la fabrication de deux roues, puis au tricycle et enfin à
un prototype quadricycle nommé Duncan qui sera vendu en
1896 aux anglais.
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C’est
avec ce nouvel apport d’argent frais, qu’Ernest Chenard
associé à son principal client Mr Henri Walcker,
décide de se lancer comme constructeur dans l’aventure
automobile. La Société en Commandite des Etablissements
Chenard & Walcker (S.C.E.C.W.) est fondée le 19 janvier
1899.
Avec l’aide
financière de la banque Victor nos deux compères vont
pouvoir exposer dès 1901 la première voiture issue de
cette collaboration, la 12 HP. L’aspect n’est pas révolutionnaire,
mais elle a le mérite d’être innovante dans certains
domaines techniques et surtout, d’être économe.
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C’est ce
dernier point qui va faire connaître ce nouveau
constructeur en remportant le premier prix du Circuit du
Nord. Le succès aidant la société a besoin de nouveau
capitaux pour s’épanouir.
En 1905, Chenard et Walcker
change le statut juridique de l'entreprise qui devient,
après la nomination d’un nouveau Conseil d’administration présidé
par la banque Victor, la Société
Anonyme des Anciens Etablissements Chenard &
Walcker.
Cette même année, une nouvelle usine est construite dans la rue Henri
Barbusse sur la commune de Genevilliers. Dans ces nouveaux
ateliers, deux modèles (la 14/16 ch de 3020 cm³ et de la 18/24 ch de 5881 cm³ ) vont remplacer la 12 HP. Plus tard, une monocylindre nommée 8 HP
complète le catalogue.
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L’entreprise progresse en
rivalisant d’ingéniosité (montage en série des pistons
en aluminium) pour atteindre les sommets en 1911, où elle
absorbe la Société Parisienne de Carrosserie Automobile.
L’année suivante, Henri Walcker décède.
Le domaine commercial est repris par René Donnay tandis
qu’Ernest Chenard reste au commande de la partie technique
secondé par Henri Toutée. Cette nouvelle équipe montre
tout son talent en présentant dès le salon de 1913, deux
nouveaux véhicules nommés 7 HP et 15 HP (ci-dessous). L’entreprise
possède donc en cette fin d’année
1912, cinq modèles différents.
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La première guerre mondiale
met en suspend l’activité automobile de l’usine qui est
alors réquisitionnée pour la fabrication d’obus, puis vers
1916, de moteurs d’avion.
Cette activité temporaire, permet
à la marque Chenard et Walcker d’augmenter, grâce aux
commandes de l’Etat, son parc de machine- outils et
surtout, d’accroître considérablement sa surface.
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La
« drôle de guerre » terminée, l’entreprise
reprend la création d’automobile sur les bases de la 15
HP d’avant guerre. Cette dernière bénéficie de quelques
modifications et donne naissance à la 12 HP.
La société, qui n’a subi
aucun dommage durant la guerre, est financièrement saine.
De nouvelles agences commerciales s’ouvrent sur tout
l’hexagone. En 1920, Chenard et Walcker devient le
quatrième constructeur automobile français. C’est le
moment que choisit Ernest Chenard pour diversifier
l’activité de son entreprise avec la fabrication de
tracteur F.A.R (engin tricycle pouvant tracter des
remorques) |
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En 1922, Ernest
Chenard décède. Son fils Lucien essaye de
lui succéder mais n‘arrive pas à détrôner René
Donnay du Conseil d’administration.
Malgré
ces tensions internes, en 1923, l’aigle Chenard et
Walcker absorbe Sénéchal (Robert Sénéchal est en effet
plus intéressé par une carrière de pilote que de
constructeur) et continue d ‘améliorer ses modèles.
C’est
ainsi qu’une version nouvelle de la 15 HP pilotée par
Lagache et Léonard gagne la première épreuve des 24h du
Mans. D’autres podiums consacrent la marque qui voit
toujours plus grand.
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Ce nouvel essor
vient en 1927, où l‘entreprise Chenard et Walcker décide
de s’associer avec le constructeur Delahaye pour la
fabrication en petites séries de voitures de moyenne
gamme.
Mais elle continue cependant à
produire des modèles pour son propre compte comme la
fameuse Tank : version "client" et version "course" (ci contre).
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A partir de
1930, la crise économique plonge le groupe dans une
situation financière délicate. La concurrence des
belles américaines se fait sentir, dès 1933 les
dirigeants de Delahaye et de Chenard & Walcker
rompent le contrat qui les unissent. La traction Super
aigle doit relancer la gamme mais dans le même temps
la marque aux chevrons sort les fameuses 7
et 11 CV.
Après avoir
fourni des caisses de type Matford, plus modernes qui
permettent à Chenard et Walcker de créer deux
nouveaux modèles et de remodeler sa voiture « Aigle
8 », l’entreprise Chausson prend le contrôle de
l’entreprise au mois de juin 1936. Citroen est trop
fort et « l’aigle » dépose son
bilan.
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L’histoire
de Chenard et Walcker aurait pu se terminer ici
mais Chausson garde la marque. Les voitures
Chenard continuent à être produites jusqu’à
rupture des stocks moteurs, vers 1937. Ceux-ci
sont remplacés progressivement par ceux de la
Citroen 11 CV.
Malgré,
cette pénible aventure le bureau d’études toujours
aux mains de Mr Henri Toutée dessine et crée une
camionnette permettant de transporter une charge utile de 1500 Kg. Ce
poids permet à Chausson de ne pas concurrencer ses client
Citroen ou Peugeot à qui il fournit des radiateurs et que
l’on retrouve dans des gammes moindres (entre 1020 et 1200 Kg
pour le TUB puis TUC et enfin 1200 à 1400 kg pour le MK).
La seconde
guerre mondiale éclate et Chenard et Walcker
obtient une licence d’état pour la
fabrication d’automobiles. Les fourgons, quant à eux,
sont
homologués durant l’année 1941 (type T60,
CHE, CH65B à gazogène et le CH66B à gazogène).
Cette situation ne dure pas et l’usine
recommence ce qu’elle avait fait durant la
première guerre mondiale, des obus pour les français,
puis, des pièces détachées pour les allemands
pendant l’occupation. On ne peut donc définir
avec précision combien de fourgon seront réellement
produits durant le conflit. Peugeot, de sont côté
continue à produire des fourgons qui, pour un
certain nombre d’entre eux, permettent aux
allemands de se rendre sur le front « Est ».
DMA, Q5A, DMAG et Q5AG, pour ne citer qu’eux,
font leur apparition entre 1941 et 1942.
En 1946, une nouvelle version baptisée
CHV est montrée au public qui ne lui réserve qu’un
accueil mitigé du fait de sa faible motorisation. Chausson
fait appel à ses anciens collaborateurs pour lui fournir
une motorisation plus puissante. Après une réponse négative
de la part de Matford, la solution vient de Peugeot qui
consent à vendre des moteurs de 202 pour remplacer les
Chenard et Walcker.
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( Les photos
ci-dessus, représentent les voitures de cet artisan
confiseur basé dans le sud de la France vers
Montélimar. Il y a donc une 203 et son cousin un
Q3A dans un état remarquable. Ce petit encas me
permet donc de remercier "l'homme" pour
sa passion des vieilles voitures et également
pour son travail en tant que confiseur. Je vous
conseille d'y faire une petite halte. Vous pouvez
accéder à son site en cliquant sur son logo)
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Le 1500 CPV était né, avec
un nez plus important que le précédent.
Jusqu’en octobre
1948, Peugeot avec ses DMA et DMAG
puis DMAH n’est pas directement concurrent du
Chenard et Walcker.
Mais, le Q3A équipé d’un moteur de
203 change la donne. Chausson se retrouve dans une situation
inconfortable et demande à Peugeot de lui fournir ce
nouveau moteur.
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Peugeot, qui
connaît la situation de l’entreprise Chausson
et qui n’est pas pleinement satisfait de son
nouveau modèle, tire
profit de la demande en donnant son accord
sous certaines conditions.
Les fourgons
Chenard et Walcker doivent figurer uniquement sur
le catalogue Peugeot et bien entendu porter la
marque du "Lion" sur la carrosserie.
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Chausson
accepte et signe par la même occasion la fin de
la marque Chenard et Walcker au printemps 1950
(19 mai1950). Ce modèle hybride nommé D3A va
être produit entre 1951 et 1955 avant d’être
remplacé par le D4A équipé du moteur de la
nouvelle berline de chez Peugeot, la 403.
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