Durant la nuit du 15 au 16 juin 1943, un raid aérien britannique
détruit en partie l'usine Peugeot de Sochaux qui fabriquait depuis 1938 la
fameuse 202. Avant leur repli, annonçant les prémices de la libération, les
Allemands pillèrent les machines-outils restées intactes.
A la fin de la guerre, le constructeur français doit
remettre en état l'outil de production afin de relancer la fabrication de la
202 qui acquiert, en guise de cure de jouvence, des freins hydrauliques. En
janvier 1944, des ingénieurs de la firme sochalienne, dont Louis Dufresne fait
partie, travaillent sur
l'élaboration d'une nouvelle voiture. Peugeot n'a cependant, jamais réellement
stoppé ses études puisque plusieurs prototypes ont vu le jour durant
l'occupation.
En 1940, un modèle haut de gamme nommé 802 fît son
apparition suivi par une 10
CV plus puissante que les anciennes 11 et 14 CV. Pour remplacer
la 202, une 6 CV était également prévue mais cette dernière fût abandonnée après
conception de la
caisse.
A la suite de ces échecs répétés, Peugeot prend la
décision de mettre au point une 7 CV. Afin
d'arriver au terme de ce projet, la firme garde sa structure existante pourtant
jugée peu réactive en raison de l'éloignement entre l'usine de Sochaux qui
doit réaliser les pièces des prototypes et la région parisienne où se
situent les sites de Passy et de la Garenne Colombes qui abritent respectivement
la direction, quelques ateliers et les bureaux d'études. Il ne faut en effet,
pas oublier qu'à la fin de la guerre certains axes routiers étaient coupés et
que le carburant était une denrée rare.
Le premier croquis signé Manthon date de ce début
d'année 1944. Il coïncide également avec l'arrivée du nom 203. Après
amélioration, le plan N°123618 permet enfin de découvrir cette nouvelle
berline au mois de février 1945. Quelques mois plus tard, c'est au tour de
Bonal de présenter son dessin où l'on découvre la voiture munie d'une
lunette arrière scindée en deux parties et qui donne une bonne perception de ce que sera
la version définitive.
Les tickets de rationnement d'essence et de
pneumatiques guident les choix du constructeur. Le moteur de la 202 qui a
déjà fait ses preuves en terme de fiabilité inspirera largement celui de la
203. La carrosserie, issue des plans précédemment cités, sera légèrement modifiée et
largement inspirée des lignes aérodynamiques des voitures américaines.
Depuis l'été 1945 jusqu'au mois de mai
1946, tout se précipite. La réalisation du moulage, les tests des différents
organes et enfin la réalisation des prototypes nommés P4 pour la berline
immatriculée 9999 EK 3 qui verra le jour en mai 1946 puis le P8 pour la version
découvrable qui sortira en juillet.
|
|
A la fin de l'année les plans
nécessaires à la fabrication de série sont pratiquement achevés.
Durant le premier trimestre 1947, l'outillage
est commandé, les derniers croquis réalisés et un modèle de
présérie est présenté au service des mines de Belfort.
Il est immatriculé 3626 W 4 et est affublé de
l'écusson en forme de tête de lionne et non pas de lion comme le
stipule le plan N° 124893 issu des bureaux de la Garenne.
|
Au mois de mai, l'Action Automobile et
Touristique, sera
le premier magazine à dévoiler les formes de la 203 aux lecteurs de
l'hexagone, ce qui obligera la firme Sochalienne à officialiser sa sortie
prochaine en distribuant les photos d'une berline immatriculée 6960 EK 3, lors du Salon de l'Auto le 30 octobre 1947
au Palais de Chaillot.
.
En 1948, le 7 octobre, la 203 fait
son entrée officielle aux côtés de la 202 sur le stand Peugeot du Salon de
L'Auto. Deux berlines, une noire et une grise, sont présentées au Président
de la République Vincent Auriol, visiblement ému. Tous les collaborateurs
attendent maintenant la réaction du public. La survie de la marque au lion qui
a beaucoup investi pour fabriquer la nouvelle berline est en jeu.
Grâce à une publicité omniprésente utilisant
les termes (Elégance, Sécurité, Confort, Vitesse et Economie) associée à de
bons résultats obtenus aux essais effectués, la nouvelle berline de chez
Peugeot acquiert très rapidement une réputation de voiture robuste.
Victime de son succès les premiers
mois de sa commercialisation sont difficiles et les clients doivent attendre
presque dix huit mois avant d'avoir leur bien. Peugeot peut donc envisager
l'avenir de façon moins anxieux. Afin de toucher un plus large public,
cette année 1949 verra apparaître une berline plus sobre nommée berline
affaire. Celle-ci ne possède dans son équipement, ni chauffage, ni enjoliveurs
et petit problème, ni flèche de direction. En cours d'année une découvrable
viendra compléter la gamme.
La firme Sochalienne annonce la fin de la
production de la 202, maintenant la 203 sera seule au salon de l'auto.
Du côté de la concurrence, l'innovation vient du stand
Citroen. Depuis 1938, première apparition de la 2CV "borgne" (un seul
phare) en tôle ondulée, il ne se passe rien de neuf chez ce constructeur. Le
salon de l'auto de 1948 fait découvrir le nouveau look de cette voiture
"tout terrain" qui possède maintenant un toit escamotable.
L'année 1949, sera donc l'année du succès, un succès qui
permettra à cette automobile d'avoir une longévité exceptionnelle. Notre 203
reste cependant sereine, sa concurrente au sein de la marque aux chevrons demeure
la mamie Traction, modèle au look dépassé.
|